L'equinoxe de printemps a l'origine de la fête de Pâques

Par nature, une religion monothéiste cherche à promouvoir le culte d’un dieu unique au détriment des cultes concurrents. Elle est souvent mal accueillie par les précédentes au moment de sa création, ce qui débouche sur des exactions et des persécutions à son encontre. Puis, si elle prend l’ascendant sur ses rivales, de persécutée elle devient à son tour persécutrice. Elle commence alors à convertir de force ses voisins et cherche par tous les moyens à effacer les traces de leurs anciens cultes pour éviter la persistance de la concurrence. Arrêtons-nous un instant sur les stratégies de cet « effacement ». La chrétienté est un bon exemple pour cela. Pour y parvenir, elle a substitué l’intégralité des fêtes liturgiques préexistantes par de nouvelles célébrations, créées pour l’occasion :

- C’est le cas de la fête de Noël, fêtant la naissance du Christ, et fixée (en l’an 375) au 25 décembre pour supplanter la fête romaine très populaire célébrant à cette même date la naissance de l’astre solaire, Mithra (Sol Invictus, le soleil invaincu), elle-même ayant remplacée la fête celte d’Yule, de l’éternel recommencement ou encore la fête germaine de Jul, symbolisant aussi la naissance du dieu solaire Freyr ou aussi la fête de Koliada des Slaves, pour ne citer que ces exemples.

- C’est le cas de la Toussaint chrétienne, originellement fêtée le 13 novembre et transférée  au premier novembre en 835 pour supplanter la fête gauloise de Samain, au cours de laquelle étaient déjà célébrés les morts.

- C’est le cas de la coutume des Rameaux, rattachée à l’entrée de Jésus à Jérusalem, qui a été superposée à l’ancienne coutume païenne de donner des coups avec des rameaux verts au bétail pour favoriser leur fécondité.

- C’est encore le cas de la Chandeleur, de la Saint Valentin, de la fête du Carnaval, de l’Avent, et de toutes les autres en fait…

- De même, les anciens lieux saints voient l’érection d’églises chrétiennes, les anciennes fées sont remplacées par des saintes ou des apparitions miraculeuses, et ainsi de suite…

- Et c’est évidemment aussi le cas de la fête de Pâques, célébrant la résurrection du Christ et créée pour remplacer les différents cultes de la Résurrection de la vie et de la nature que l’on trouve dans l’ensemble du monde antique et sans doute préhistorique à l’équinoxe (moment de l'année ou le jour et la nuit ont la même durée) de printemps. Les Celtes par exemple célébraient la Résurrection de la vie et des jours clairs, réjouissances qui trouvaient leur point d’orgue avec les Feux de Beltaine. La plus ancienne civilisation à avoir documenté ses cultes, celle des Sumériens (c’est la première à s’être doté d’une écriture il y a plus de 5000 ans), n’échappe pas à cette spécificité des cultures humaines. Elle célébrait autour du 20 mars le Mariage sacré du roi Dumuzi et de la déesse de l’amour Inanna, qui symbolisait la Résurrection de la vie après les longs mois d’hiver. Ce roi, qui s’était sacrifié pour son peuple des années plus tôt, ressuscitait à chaque équinoxe de printemps pour épouser rituellement la déesse et assurer la fertilité de son peuple et de la nature. Il n’est donc pas surprenant qu’une religion plus récente, fortement influencée par ce terreau culturel immémorial, ait choisie l’équinoxe de printemps pour fêter à son tour le sacrifice et la Résurrection de son Messie.