Le sphinx : un lion avec une tête de pharaon aujourd’hui, mais simplement un lion a tête… de lion, a l’origine !

Le Sphinx est un monolithe sculpté sur le plateau de Gizeh en Egypte, à l’ombre des plus fameuses pyramides du pays. C’est une statue représentant un lion avec une tête de pharaon. Les égyptologues ont longtemps pensé que le Sphinx avait été construit peu de temps après la première pyramide, il y a environ 4500 ans. Mais le géologue Colin Reader (géologue anglais, secrétaire de la Manchester Ancient Egypt Society), après analyse des traces d'érosion pluviale sur le site (le climat de l’époque est aux antipodes de ce qu’il est aujourd’hui et connait d’intenses précipitations), suggère au contraire que le Sphinx serait né des siècles plus tôt. Peut-être même un millénaire plus tôt.
Une théorie appuyée par la découverte d'un palais antérieur aux autres tombes sur le site de Gizeh, prouvant qu'il y avait déjà de l'activité avant la construction des pyramides. Mais les découvertes des chercheurs ne s'arrêtent pas là. Selon le Dr. Jonathan Foyle, architecte historique, les disproportions flagrantes existant entre le corps et la tête du Sphinx suggèrent que le monument n'avait pas, à l'origine, le visage d'un humain.

La tête du Sphinx de Gizeh paraît en effet bien trop petite pour son corps immense. Comme le disait l’auteur américain Robert K. G. Temple en juin 2009 : « Quand on connaît un tant soit peu l’Égypte antique et ses statues, on sait qu’elles avaient des proportions parfaites. Alors pourquoi les Égyptiens tailleraient-ils ce qui est resté la statue la plus célèbre du monde et rateraient à ce point ses proportions ? »
Pour les Égyptiens antiques, le lion était un puissant symbole de pouvoir. Considérant que le Sphinx possède le corps d'un lion, ces experts s'accordent aujourd'hui tout naturellement à penser qu'il devait posséder, à l'origine, le visage d'un félin. Par la suite, les bâtisseurs de la Grande Pyramide l’ont sculptée à nouveau pour lui donner les traits du pharaon Khoufou.
J’ai joins ci-dessous un résumé de quelques éléments de l’argumentaire du géologue Colin Reader sur le sujet de la datation du Sphinx.
Selon le géologue Colin Reader, les preuves fournies par les roches calcaires altérées et érodées de Gizeh indiquent clairement que le Sphinx est antérieur à la 4e dynastie, même si cette datation plus précoce a encore du mal à être accepté par une partie de la communauté scientifique.
En effet, à quelques exceptions près, les textes égyptologiques standard indiquent encore que le Grand Sphinx de Gizeh a été construit sous le règne de Khafre (quatrième souverain de la IVe dynastie, OC - vers 2520-2494 av. J.-C.). Au cours de la dernière décennie, cependant, de nombreux voix de spécialistes se sont élevées pour réfuter cette datation. Colin Reader, en particulier, est convaincu que les preuves géologiques ne sont pas cohérentes avec l'attribution du monument à Khafre ou, d'ailleurs, à tout autre pharaon de la 4e dynastie.
En tant que monument de l'Égypte ancienne, le Grand Sphinx de Gizeh est unique. Mesurant plus de soixante-dix mètres de long et vingt mètres de haut, le Sphinx a été creusé dans la roche calcaire du substrat local. Sur une grande partie du corps du Sphinx - en particulier les parties inférieures - un placage de maçonnerie recouvre le noyau de calcaire, rajouté peut-être en partie sous le règne du pharaon Thoutmosis IV (1392-1382 av. J.-C.), ou peut-être dès l’origine pour modéliser avec précision certains détails fins du corps de lion.
Le Sphinx se trouve dans une zone basse, délimitée au sud et à l'ouest par une face haute taillée dans les mêmes lits de calcaire à partir desquels le corps du Sphinx a été excavé. Au nord, l'étage de l'enceinte s'élève au moyen d'une seule terrasse atteignant la route touristique moderne. A l'est se trouvent les vestiges du « temple du Sphinx ».
Bien que remarquable en soi, le Sphinx n'est qu'un élément de la nécropole de Gizeh qui est sans doute le site archéologique le plus célèbre au monde. Les trois grandes pyramides de la 4ème dynastie de Khufu, Khafre et Menkaure ont été construites sur une crête orientée nord-est/sud-ouest qui traverse le site. En plus des pyramides, une multitude de tombes appartenant à la famille royale, aux nobles et aux courtisans ont également été construites dans une série de champs de mastaba et autres cimetières.
Deux arguments principaux sont utilisés pour soutenir la datation conventionnelle de l'Ancien Empire du Sphinx. Le premier est le fort contexte de la IVe dynastie fourni par la nécropole de Gizeh en général et, plus spécifiquement, par le complexe mortuaire adjacent de Khafre. De plus, il y aurait eu une référence au pharaon Khafre sur la soi-disant stèle de rêve, érigée entre les pattes du Sphinx pour commémorer la restauration entreprise par Thoutmosis IV. En réalité, il n’y aurait eu aucun cartouche autour du dit texte et, par conséquent, ce texte n'aurait jamais fait référence au pharaon de la 4e dynastie Khafre. Malheureusement, suite à des intempéries, la ligne de texte contestée a maintenant été complètement perdue.
Il a également souvent été dit que le Sphinx aurait été sculpté dans un bloc de calcaire de mauvaise qualité, résidu de l'érection du reste du site sous le règne de Khéops. Et que cela identifierait clairement le Sphinx comme un monument post-Khufu. Mais les éléments survivants de la topographie naturelle du plateau de Gizeh indiquent clairement que, à proximité du Sphinx, le profil du sol d'origine était bas et s'élevait pour former une petite colline naturelle à partir de laquelle le Sphinx a été sculpté. Le relief qui deviendrait le Sphinx précéda donc les pyramides. Donc, rien n’empêche de penser que le Sphinx fut édifié bien avant celles-ci.
Il n'y a d’ailleurs rien de nouveau dans l'idée que le Sphinx ait pu être construit à une époque antérieure au règne de Khéphren. Dans son livre de 1893 La Momie, Wallis Budge fait référence à une inscription trouvée par Mariette qui déclare que le Sphinx existait à l'époque de Khéops. Cette inscription est portée sur la soi-disant stèle d'inventaire - un artefact tardif (26e dynastie, 664-525 av. J.-C.) qui raconte comment Khufu a trouvé le Sphinx et un temple d'Isis ruiné à proximité qu'il a entrepris de restaurer. La stèle avait été découverte dans un petit temple connu sous le nom de « Isis, maîtresse de la pyramide », construit sur le côté est de l'une des pyramides satellites de Khufu.
L'exécution de la stèle d'inventaire est médiocre et les noms utilisés pour les différentes divinités mentionnées dans le texte sont clairement ceux employés à la Basse Epoque. Cela a conduit beaucoup à affirmer que la stèle d'inventaire était un faux - une tentative frauduleuse de la part des Égyptiens de la fin de la période pour redécouvrir un passé qui était, même alors, déjà d'une grande antiquité. Bien que la stèle d'inventaire puisse être un "faux pieux", il ne faut pas écarter la possibilité qu'il s'agisse d'une copie d'un artefact plus ancien.
Par ailleurs, la chaussée de Khéphren tient visiblement compte dans son tracé oblique totalement surprenant de quelque chose d'antérieur, de quelque chose d'important qui s'y trouvait déjà : dans l'état actuel des choses, cela ne peut être que le Sphinx.
Deux types de maçonnerie de restauration ont été appliqué sur le Sphinx durant l’antiquité, dont le plus ancien est constitué de gros blocs de calcaire (jusqu'à 1 m de long), eux-même recouverts plus tardivement d'une deuxième couche de maçonnerie calcaire, de petits blocs de la taille d'une brique. Les fouilles sous ces deux couches de restauration, ont permis d’atteindre la construction originelle, marquée par une érosion sévère, qui a laissé des bandes jaunâtres plus douces et des strates intermédiaires plus dures montrant un profil de rouleaux et d'ondulations successives.
La construction initiale était donc gravement érodée lorsque le premier niveau de maçonnerie de restauration en gros blocs y a été ajouté. Par ailleurs, il est remarquable de constater que l'état des calcaires de la construction originelle soit tellement plus dégradé que les autres monuments de calcaire à Gizeh datant de la 4e dynastie. En clair, le Sphinx a été plus usé par l'eau que tous les autres bâtiments du plateau de Gizeh, qui n’ont été exposés qu’au climat égyptien contemporain, aride. Le Sphinx plus usé par l’eau suggère une origine bien plus ancienne, à une époque où les précipitations étaient plus fréquentes.
Selon Schoch (de l'Université de Boston), il n'y a pas eu de pluies substantielles en Égypte depuis environ 5000 ans. Il a en outre soutenu que pour laisser suffisamment de temps aux précipitations pour éroder le Sphinx et ses murs d'enceinte, la construction du monument devrait dater de 7000 à 5000 avant JC. Mais il a oublié d’autres modes d’érosion, sur lesquels nous reviendront plus loin et qui temporisent son constat quelque peu excessif.
Sans surprise, les conclusions de Schoch concernant la géologie et ses implications pour l'âge du Sphinx ont été rejetées par les égyptologues. De grands efforts ont été déployés pour contrer ce qui était largement considéré comme une « hérésie » dan,s les premiers temps. En plus des égyptologues réexaminant les preuves de l'attribution du Sphinx à la 4e dynastie, un certain nombre de géologues qui avaient travaillé en Égypte ont contredit l'interprétation de Schoch des processus d'altération et d'érosion. responsable de la morphologie des calcaires exposés au Sphinx. Les deux principaux arguments géologiques étaient ceux de James Harrell et de K. L. Gauri.
Harrell a fait valoir que la dégradation des calcaires dans l'enceinte du Sphinx pourrait être attribuée aux effets d'accumulations de sable humide qui amélioreraient localement l'altération chimique du calcaire. Gauri, en particulier, a attribué la dégradation de l'enceinte du Sphinx principalement aux effets d'un processus qu'il appelle `` altération chimique et exfoliation '' dans lequel la rosée, se formant la nuit sur le calcaire exposé, élimine les sels solubles de la surface de la roche. Les forces capillaires attirent cette solution dans les pores de la matrice calcaire, où d'autres sels sont dissous à partir des parois internes des pores. À mesure que les températures diurnes augmentent, la solution commence à s'évaporer, précipitant des cristaux de sel dans le col confiné des pores. La pression exercée par les cristaux lors de leur croissance conduit à l'écaillage de fines couches rocheuses à la surface du calcaire. Ce phénomène aurait produit un «profil vertical du Sphinx et des murs de l'enceinte du Sphinx fait d'alternances de projections et de retraits.
Mais ce que ni Schoch ni Harrell ni Gauri ne semblent avoir identifié, c'est que la dégradation considérée par l’un comme le résultat de l'érosion par les précipitations et par les autres comme le résultat d’une altération chimique - n'est pas présente de manière significative sur le corps du Sphinx ou à l'extrémité orientale du mur d'enceinte sud. L'aspect usé n'est présent que sur les murs ouest de l'enceinte du Sphinx - c'est-à-dire derrière le Sphinx - et la section ouest du mur d'enceinte sud sous la chaussée de Khafre.
Donc s’il est incontestable que les processus d'altération chimique et d'exfoliation décrits précisément par Gauri ait été responsables d'une importante altération des strates à l'intérieur de l'enceinte du Sphinx et à l’origine en partie de l'apparence en bandes du corps du Sphinx, pourquoi cependant les dégradations seraient-elles plus intenses à l'ouest de l'enceinte ? Le modèle de Gauri ne l’explique pas. La conclusion semble être que d'autres facteurs doivent être pris en compte et que l'histoire de la dégradation du Sphinx est plus complexe que ne le suggère Gauri.
En ce qui concerne la localisation du Sphinx, le fait que la dégradation de l'enceinte du Sphinx soit plus intense à l'ouest et, de plus, se limite aux murs de l'enceinte, est hautement significatif.
Bien que les conditions arides aient dominé pendant la période dynastique de l'histoire égyptienne, des périodes plus humides sont connues jusqu'à la fin de la 5ème dynastie (environ 2350 avant JC). Ainsi, les conditions pluvieuses de 5000 à 7000 avant J.-C., auxquelles Schoch attribua la dégradation du Sphinx, furent séparées des conditions arides ultérieures par une phase transitoire qui, entre la période prédynastique et la fin de la Ve dynastie, se caractérisa par une climat de plus en plus aride interrompu par des pluies saisonnières occasionnelles, probablement abondantes.
La nécropole de Gizeh est située sur un plateau calcaire en pente douce, qui tombe de son point culminant à l'ouest (au-delà de la pyramide de Khafré) sur une distance de plus d'un kilomètre et demi avant d'atteindre l'ancienne limite d'inondation du Nil (à une courte distance à l'est du Sphinx). Avec une végétation ou une couverture du sous-sol limitée, de fortes pluies sporadiques auraient rapidement saturé les calcaires à grains fins qui forment la surface du plateau. Tout excès d'eau, incapable de s'infiltrer à travers la surface saturée, aurait été rejeté en aval sous forme de ruissellement. Bien que ces pluies torrentielles auraient été de courte durée, l'élan acquis par le ruissellement à travers le versant étendu de Gizeh a dû produire des écoulements de surface capables d'une érosion très significative.
La topographie en pente vers l'est du site, ainsi que l'orientation de l'enceinte du Sphinx et tout effet que l'excavation du Sphinx peut avoir eu sur l'hydrologie de surface locale, sont donc susceptibles d'avoir conduit à un impact accru du ruissellement dans la partie ouest de l'enceinte du Sphinx, en érodant le calcaire le long des murs et en exploitant de manière sélective tous les joints exposés le long de la face coupée.
Ce modèle de ruissellement des pluies est parfaitement cohérent avec la répartition des dégradations présentent au sein de l'enceinte du Sphinx. Non seulement le ruissellement des précipitations conduirait à une dégradation plus intense dans la partie ouest de l'enceinte du Sphinx, mais la dégradation moins intense ailleurs est également expliquée. Relativement peu de ruissellement se seront déversés sur les faces exposées à l'est de l'enceinte et le corps du Sphinx a généré lui-même peu de ruissellement car il était isolé du plateau par l'excavation environnante de son enceinte.
Ainsi, la dégradation plus intense des murs ouest de l'enceinte du Sphinx s'explique aisément par le potentiel érosif du ruissellement pluvial. Cependant, bien que l'érosion par ruissellement semble offrir l'explication la plus probable des caractéristiques observées, il est important de prendre en considération d'autres processus afin d'établir si la dégradation de l'enceinte du Sphinx pourrait, peut-être, s'expliquer d'une autre manière.
Ayant déjà identifié les problèmes associés à l'hypothèse de l’érosion chimique par le sable humide, il restait à vérifier s'il existait des moyens par lesquels l'altération chimique et l'exfoliation auraient pu conduire au schéma de dégradation observé.
Les effets de l'altération chimique pourraient être modifiés de trois manières :
(1) En protégeant certaines expositions de la dégradation par, par exemple, des accumulations de sable soufflé par le vent. Dans un tel scénario, les zones non protégées seraient plus fortement dégradées ;
(2) Par des variations de l'intensité de l'altération chimique elle-même, provoquées par des facteurs tels que l'exposition (c'est-à-dire l'orientation d'une exposition par rapport au soleil) ;
(3) Sous l'effet de l'abrasion du sable.
Compte tenu de la direction dominante des vents du nord et de la pente est du plateau, le sable sec et soufflé par le vent est le plus susceptible de commencer à remplir l'enceinte du Sphinx du nord et de l'ouest, la couverture de sable soufflé par le vent protégeant les expositions sous-jacentes. Les affleurements qui furent les premiers recouverts de sable sont donc ceux de l'ouest de l'enceinte, qui se trouvent être les plus dégradés. Donc cela ne peut être une explication viable.
L'aspect peut grandement influencer l'altération chimique. Bien que le mur d'enceinte ouest plus intensément dégradé soit exposé à la lumière directe du soleil tout au long de la matinée, les mêmes lits de calcaire sont également exposés à travers le «coffre» du Sphinx. Cependant, contrairement au mur d'enceinte ouest, le «coffre» du Sphinx orienté à l'est ne présente pas la dégradation «en corniche» intense et caractéristique. Cette seule preuve suffit à démontrer que la dégradation plus intense dans la partie ouest de l'enceinte du Sphinx ne s'est pas développée en raison de l'aspect des affleurements.
En ce qui concerne l'effet abrasif du sable soufflé par le vent, le mouvement du sable est contrôlé par un processus connu sous le nom de saltation, dans lequel les grains de sable individuels ont tendance à rouler le long de la surface, ne se faisant que rarement emporter à une hauteur significative au-dessus du niveau du sol par le vent. Bien que ce processus affecte les expositions proches du niveau du sol, son effet sur les expositions plus élevées est limité. L'effet de l'abrasion du sable dans une excavation telle que l'enceinte du Sphinx est également susceptible d'avoir été limité. Sur un site excavé, le flux d'air perdra une grande partie de son énergie au profit d'un flux turbulent dans le sillage de la lèvre de l'excavation. Cet écoulement turbulent entraînera la chute de toute charge de sable, rendant la capacité érosive du sable négligeable. L'intense dégradation localisée en contrebas des parois de l'enceinte ouest du Sphinx ne pouvait donc pas être le résultat d'une abrasion par le sable soufflé par le vent.
Ces considérations amènent à conclure que tout mécanisme reposant sur l'altération chimique et l'exfoliation, l'abrasion du sable, l'aspect, l'effet protecteur du sable accumulé (ou toute combinaison de ces processus) pour expliquer la distribution des la dégradation dans l'enceinte du Sphinx, semble incapable d’expliquer l’état des vestiges. Non seulement l'érosion par ruissellement est l'explication la plus simple des caractéristiques observables à Gizeh, mais il existe de nombreuses preuves des effets d'une telle érosion.
Lors de ses fouilles dans les années 1930 sur le site du temple de la vallée de Menkaure (à quelques centaines de mètres au sud du Sphinx), George Reisner a trouvé des preuves qu'une partie du temple avait été gravement endommagée par le ruissellement des tempêtes. L'interprétation de Reisner de ses découvertes était que, quelque temps après la mort de Menkaure, un mur construit en brique crue à l'extrémité ouest du temple a été emporté par le ruissellement de surface qui aurait suivi de fortes pluies.
Remarquablement, à l'intérieur de l'enceinte du Sphinx elle-même, il existe des preuves incontestables d'érosion par l'eau courante, sous la forme d'un canal d'érosion peu profond qui semble sortir de la base de la fissure principale et se dirige vers l'arrière du temple du Sphinx.
Un élément supplémentaire permet de définitivement remettre en question l'attribution du Sphinx à Khafré. Il s’agit d’une carrière utilisée à partir du développement du complexe mortuaire de Khufu, à l’ouest du Sphinx et au nord de la chaussée de Khafre. La position de cette carrière peut être identifiée aujourd'hui par une dépression à la surface du plateau, remplie d'accumulations de sable soufflé par le vent.
La date d’exploitation de cet endroit a été confirmée par des empreintes de sceau de boue sur des murs enfouis sur ce site. Ces preuves datent l'exploitation de la carrière sous le règne de Khéops.
Pourquoi cette carrière est-elle si importante ? Car dès l’apparition de celle-ci, l'hydrologie de surface à Gizeh a été totalement perturbé, l'excavation à ciel ouvert interceptant tout ruissellement du plateau supérieur à l'ouest et empêchant son rejet vers la zone du Sphinx.
Même quand le sable eut finalement comblé la carrière, l’hydrologie de surface de l’endroit demeura très différente de celle du plateau calcaire intact qui l'avait précédé. La perméabilité plus élevées du sable soufflé par le vent non consolidé, dans la carrière abandonnée, auraient nécessité des conditions de précipitations extrêmes avant que le sous-sol n'atteigne la saturation et que le ruissellement ne soit généré.
Le climat étant devenu plus aride à la fin de l'Ancien Empire, il est peu probable que des pluies aient été d'une intensité suffisante pour générer un ruissellement de la carrière remblayée.
On peut donc considérer que les carrières de Khufu empêchèrent, dès l’époque de leur exploitation, toute possibilité de ruissellement capables d'atteindre le Sphinx. Et sans cet agent d’érosion, il n'est pas possible de rendre pleinement compte de toutes les caractéristiques de dégradation présentes dans l'enceinte du Sphinx.
C'est sur cette base qu’il est possible de conclure que l'excavation du Sphinx a été entreprise avant le début de l'exploitation de Khufu, lorsque les précipitations sur les zones les plus élevées du plateau de Gizeh pouvaient encore s'écouler d'un bassin substantiel, prenant de l'élan avant de finalement se déverser dans l'enceinte du Sphinx.
La construction du Sphinx date donc d’avant les souverains de la IVe dynastie. Combien de temps avant ? Au vu de l’érosion intense constatée sur les parties exposées, certainement des siècles. Peut-être même un millier d’années, il y a environ 5500 ans. Pas de cinq ou six mille ans comme le suggèrent des interprétations ésotériques qui cherchent simplement à retrouver là les traces d’un Déluge intervenu à la fin de l’ère glaciaire.
Quant aux proportions improbables du visage humain sur l’immense corps de lion, elles s’expliquent simplement par le fait qu’avant d’être retaillée en tête de pharaon, la tête était parfaitement en accord avec les proportions et la nature du corps, à savoir qu’il s’agissait simplement d’une tête… de lion !