Le château de Montsegur : du dernier refuge cathare a la forteresse royale
Le site de la forteresse royale de Montségur est célèbre pour le long siège qu’eut à subir le premier château fort, qui se solda par la chute de la place et scella le destin du catharisme, donnant par la même occasion naissance à quelques belles légendes…
Situation
Montségur, Ariège. Le château est implanté à 1207 m d’altitude, au sommet du « pog », un piton rocheux abrupt qui surplombe la vallée de plus de 500 m. Départ à pied depuis le parking sur la D9, au-dessus du village, accès en une demi-heure de sentier de montagne.
Historique
Un premier poste de guet fortifié est construit dès le XIIe siècle. Raymond de Péreille, seigneur de Montségur, le reconstruit vers 1204, de même qu’un hameau fortifié où s’installe une communauté cathare. En 1232, l’Eglise des hérétiques y déplace son siège. Raymond de Péreille, sa famille, ses chevaliers et ses hommes d’arme, la hiérarchie épiscopale toulousaine et son diacre de Mirepoix, l’évêque cathare de Toulouse, Guilhabert de Castres, une importante communauté de parfaits et de parfaites, mais aussi nombre de simples croyants, affluent dans le village fortifié du « mont sûr » (traduction de l’occitan Montségur), qui leur offre l’assurance de ne plus être persécutés par l’église catholique. C’est pourtant là que les armées françaises viennent les assiéger, à partir du printemps 1243 et jusqu’au mois de mars 1244. Pierre-Roger de Mirepoix, commandant de la place, finit par négocier la reddition de ses troupes exténuées. Les cathares ont le choix : renier leur foi ou mourir. Une majorité choisit le bûcher, y compris la femme et trois des filles de Raimond de Péreille (plus de 220 personnes au total disent les chroniques) Le village « hérétique » est rasé par les croisés. La place est remise à Guy de Lévis, qui prête hommage au roi de France et se voit confier la construction d’une forteresse royale à la place de l’ancien château fort. La construction s’étire entre la seconde moitié du XIIIe siècle et le début du suivant. Au cours des deux siècles suivants, les Lévis occupent la place face à l’ennemi espagnol. Probablement abandonné dès le XVIe siècle, Montségur perd tout intérêt stratégique avec la signature du traité des Pyrénées en 1659.
Description
Vers 1350, la forteresse royale de Montségur mesure 80 m d’un bout à l’autre et se compose d’une vaste cour prolongée par un massif logis-donjon. La cour du château dessine un pentagone irrégulier orienté est-ouest, entouré d’une murailles de plus de 130 m de développement, épaisse d’environ 2,50 m pour 15 de hauteur maximum. Percée dans le pan sud-ouest, la porte d’entrée est surplombé par une bretèche. Une poterne existe dans le pan nord, qui donne accès à un hameau et sa citerne aménagés à l’extérieur dans la pente nord, mais aussi à la barbacane et au poste de guet du Roc de la Tour, 600 m plus à l’est. Trois escaliers à volée droite, ménagés dans l’épaisseur de l’enceinte, donnent accès au chemin de ronde, tandis que des bâtiments de service et d’habitation s’appuient à l’intérieur des murailles autour de la cour centrale. Du côté le plus exposé, le pan de mur oriental est protégée par un imposant mur-bouclier de 4 m d’épaisseur, couronné de hourds. Le logis-donjon de 25 m de haut, prolonge la cour, au nord-ouest. Son premier étage est accessible par un escalier de bois depuis le chemin de ronde de l’enceinte. Le rez-de-chaussée du donjon comporte une grande citerne et cinq archères. Un escalier à vis ménagé dans l’angle sud-ouest dessert les grandes salles des étages, éclairées chacune par quatre fenêtres à coussiège et chauffées au sud par une cheminée.
Vestiges
Les seuls vestiges de l’époque cathare sont les traces de l’ancienne barbacane et du poste de guet du Roc de la Tour, à l’est du château. La forteresse royale de Montségur, qui a remplacé l’ancien château fort, a toutefois conservé l’essentiel de son enceinte, à l’exclusion du crénelage, ainsi que la carcasse du donjon sur la moitié de sa hauteur. Les bâtiments appuyés à l’intérieur de l’enceinte ont tous disparu.
Fonction
Tour à tour poste de guet fortifié au XIIe siècle, puis place forte destinée à protéger le siège de la communauté cathare persécutée par l’église catholique, au début du XIIIe siècle, elle devient une place forte royale sur la frontière espagnole à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle.